QUESTIONS SANS REPONSES ?Le succès immédiat du New répondait de toute évidence aux attentes des musiciens locaux et du public genevois - non sans soulever quelques questions qui brûlaient les lèvres expertes d’éminents connaisseurs. Par exemple, après un concert fameux des Jazz Messengers en 1978 : "Tout cela c'est bien beau mais... ne faudrait-il pas commencer par encenser le génial programmateur pour l'audace de ses choix... ? Et quelqu’un nous expliquera-t-il comment ce petit club parvient à joindre les deux bouts avec tant de gros cachets à honorer ? ». Tenter d’y répondre à l’époque eût été rompre le charme. Quarante-quatre ans après, il y a prescription… .
DITES MERCI AUX ARTISTES !En vérité, il n’y avait pas de « programmateur » au Quai des Forces-Motrices. Le club pratiquait l’hospitalité à l’ancienne : les amis de nos amis étaient les bienvenus. Le club n’« engageait » pas Art Blakey , Clark Terry ou Dizzy Gillespie mais déroulait le tapis rouge lorsque leur désir de retrouver leurs pairs ou de jouer pour leurs nouveaux publics genevois (par la suite parisiens) prenait le dessus. A ce niveau et à ce stade, personne ne «programme» les musiciens ; ce sont eux, en s’invitant à telle ou telle date, qui font le succès du petit club. Ne cherchez pas de programmateur à encenser. Dites merci aux artistes. Quant à la légitime question des cachets mirobolants, le problème ne s’est pas posé (les premières années en tous cas) car au New il n'y avait pas de cachets. Parti sur le pari d’une complicité souterraine avec les artistes, le club n’a pas eu à jouer la carte du show-business… Après un concert suivi de trois « encore » de vingt minutes (chacun…) dans une salle pleine à craquer, cinq minutes suffisaient pour mettre la recette à l'abri dans deux enveloppes. L'une pour le musicien, l'autre pour le club. Cela s'appelle jouer au pourcentage. A 50-50 il s'agit, plus que d’une entente, d'un partage - et c'est le signe que quelque chose se passe.
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